T H E  D A R K

P R E C U R S O R

International Conference on Deleuze and Artistic Research

DARE 2015 | Orpheus Institute | Ghent | Belgium | 9-11 November 2015



O P E N - A C C E S S   R I C H - M E D I A  P R O C E E D I N G S

Edited by Paulo de Assis and Paolo Giudici

T H E  D A R K

P R E C U R S O R

International Conference on Deleuze and Artistic Research

DARE 2015 | Orpheus Institute | Ghent | Belgium | 9-11 November 2015



O P E N - A C C E S S   R I C H - M E D I A  P R O C E E D I N G S

Edited by Paulo de Assis and Paolo Giudici

Manola Antonioli

 

Ecole Nationale Supérieure d’Art de Dijon, FR

 

 

Machines de guerre urbaines

 

Day 2, 10 November, De Bijloke Mezzanine, 17:00–17:30


L’urbain contemporain, dont les espaces hétérogènes échappent à la maîtrise de l’urbanisme et de l’architecture comme « sciences royales », est de plus en plus parcouru et habité par de petites « machines de guerre » dont les règles de fonctionnement rappellent celles évoquées par Deleuze et Guattari dans leur « traité de nomadologie » et qui s’efforcent de créer de nouvelles formes d’échange et de communication entre des espaces trop lisses (ville diffuse, générique ou junkspaces) et d’autres trop striés (gated communities et ghettos en tout genre, destinés aux populations les plus riches ou aux populations les plus pauvres, rues et espaces publics qui ne peuvent plus assurer leurs fonctions de communication car ils sont étouffés par la surabondance de réglementation, la minéralisation des espaces, l’omniprésence des normes de sécurité). Les petites « machines de guerre urbaines » qui s’inventent autour de nous tous les jours se distribuent stratégiquement dans un espace ouvert et non hiérarchisé (comme dans le jeu de Go) ; elles impliquent des acteurs très divers (architectes, artistes, chercheurs, philosophes et simples citoyens-citadins concernés par le devenir des milieux qu’ils habitent) ; elles agissent selon les principes des sciences et des techniques « mineures », non pas à partir d’un « projet » d’un « plan » ou de lois prédéfinies qu’il s’agirait d’appliquer, mais en construisant leurs projets ou leurs plans sur le terrain, dans les chantiers, dans les rues et les places des villes ; elles comprennent de petites unités, qui agencent et inventent leurs propres outils et moyens techniques par des « compositions d’affects », en réponse à des « problèmes-événements », à chaque fois singuliers.


La communication proposée vise à donner un aperçu de la variété des nouvelles armes qui sont ainsi en train de s’inventer : guérilla végétale, émergence de nouveaux paysages produits par la nouvelle place faite à la nature et à ses dynamiques spontanées dans les villes, formes inédites d’agriculture urbaine, interventions artistiques et architecturales dans les interstices et les « territoires entre-deux », marches et dérives urbaines, cartographies et navigations, « récits de territoire », mais aussi « micro-usines urbaines » qui exploitent les outils offerts par les technologies les plus avancées pour créer de nouvelles relations avec les territoires et entre leurs habitants ou stratégies qui détournent les discours dominants sur les « Villes 2.0 » ou Smart Cities pour inventer de nouvelles formes d’appropriation et de partage de la vie urbaine dans la superposition de plus en plus fréquente entre espaces bâtis et espaces virtuels.

 


Manola Antonioli, philosophe de formation (doctorat en philosophie et sciences sociales de l’EHESS, Paris, thèse soutenue en 1997 sous la direction de Jacques Derrida, avec les félicitations du jury) a publié plusieurs ouvrages personnels et dirigé des ouvrages collectifs consacrés (entre autres) à Maurice Blanchot, Jacques Derrida, Gilles Deleuze et Félix Guattari. Elle est l’auteur de nombreux articles publiés en France et à l’étranger sur la philosophie et l’esthétique contemporaines, la philosophie de l’urbain et de l’architecture, les enjeux éthiques et politiques de l’évolution technologique. Ses recherches actuelles portent essentiellement sur les figures contemporaines de l’espace, à l’intersection entre philosophie, théorie du design, esthétique, architecture et urbanisme. En tant que chercheuse associée au laboratoire HAR (Histoire de l’art et des représentations de l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense), elle codirige actuellement des projets de recherche et création dans les domaines de l’écosophie et de l’imagination environnementale, ainsi que sur les enjeux actuels (esthétiques, philosophiques et politiques) de la théorie et la pratique du design et de l’architecture. Elle enseigne l’histoire et la théorie du design et de l’architecture à l’ENSA Dijon, où elle est également en charge de la recherche en design à partir de l’année universitaire 2014–15 et elle est également chargée de cours de philosophie de l’architecture et de l’urbain à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles. Elle a obtenu son baccalauréat (mention très bien) en Italie en 1986.