La notion de clair-obscur et du suspense dans la peinture est au cœur de ma démarche. Il en résulte plusieurs tableaux faits, d’après des photos prises dans des déambulations nocturnes, la plupart d’endroits isolés, périurbains et dans tous les cas étaient déserts. Le local 407, où nous exposions, étant sous la suggestion de Monsieur Paul. La thématique était le repaire de l’exposition. J’y ai adapté ma démarche en développement.

Le sous-sol de par sa curieuse nature, dotée de plusieurs petites salles et d’un plafond plein de tuyaux, m’a paru dès le début la portion du local 407 dont je voulais traiter. J’ai donc, le soir venu, pris une série de photos dans le but de trouver un cadre intéressant à traiter en peinture. Je souhaitais aussi y retrouver mes zones noires présentes dans ma série avec une source de lumière la plus dirigée possible.
Le fond du couloir très sombre allié à cette porte de sortie ouverte ne menant nulle part m’aura permis d’instaurer cette atmosphère que je recherche : mélange de suspense et de mélancolie. Le fond de couloir et la porte de sortie remplacent ces horizons invisibles qui entourent les lieux que je peins. 

Comme la photo extérieure s’est faite à l’intérieur pour les besoins de l’exposition, il y a eu transfert de promenade vidéo extérieure vers l’intérieur du local 407. J’ai fait plusieurs prises, me promenant avec ma lampe de poche dans le sous-sol, éclairant les détails qui m’apparaissaient intéressants (en particulier ce tuyau rouge emmitouflé d’un linge blanc). Un de mes objectifs était de montrer clairement avec la vidéo la déambulation. Celle-ci est au cœur de ma démarche que ce soit en peinture ou en vidéo. Cette promenade à la lampe de poche angoissante est diffusée en rond, le faisceau de projection coupée par un bout de carton, donnant cette impression d’espionner une action qui elle-même est angoissante et provoque un questionnement chez le spectateur. Assiste-t-on à un vol ? Voit-on une personne en détresse recherchant de l’aide ? Puis, on reconnaît l’endroit projeté grâce aux détails apparaissant dans la projection : extincteur, portes, tuyaux au plafond. 
Dans cet effet du double, je voulais créer une impression d’étrangeté comme dans ma toile : représentation d’un lieu dans un lieu. Ici, la différence, étant que ma toile était exposée au rez-de-chaussée. L’effet se créant lorsque le spectateur changeait d’étage (et s’il le remarquait) tandis que dans la vidéo il se faisait pendant la projection, les éléments projetés apparaissant carrément vis-à-vis les éléments réels par moment, tuyau réel et projeté côté à côte par exemple. Certains spectateurs ont cru à une diffusion simultanée augmentant l’ambiance de suspense et frôlant l’horreur. L’épieur qui se sent épié.