Décolonisation de mon imaginaire brésilien avec l'aide des arts d'impression


Alvaro     

En tant qu’artiste/chercheur immigrant d'origine brésilienne, ma recherche-créationen arts visuels vise la transformation des symboles coloniaux, surtout des images, présents dans l'imaginaire collectif brésilien, avec une approche décoloniale. Ma recherche-création est une mise en pratique de certains principes de la décolonialité décrits par des penseurs comme Walter Mignolo, Catherine Walsh et Rolando Vasquéz. Mon intérêt se tournevers la production visuelle eurocentrique (peinture, gravure, cartographie, lettres, documents, etc.) créée par des Européens et des Brésiliens qui, selon mes hypothèses de recherche, ont contribué à la construction de l'imaginaire colonial brésilien. Dans ma pratique en art d’impression, je m'approprie des lettres, des cartes, des gravures, des seaux, des timbres, des blasons, des photographies et des drapeaux, ainsi que des peintures historiques et des gravures pour les manipuler, les mettre en relation les uns avec les autres, afin de composer mon discours artistique qui dénonce le nettoyage idéologique et les génocides perpétrés par les colonisateurs européens au Brésil. Dans ma recherche à la maîtrise, j’essaie de décoloniser mon imaginaire brésilien en utilisant des images-source, soit de la peinture historique ou des archives coloniales, pour raconter des récits visuels cachés par l’histoire officielle blanche hétéronormative.  

Ma pratique en arts visuels est une hybridation des techniques des arts d’impression : la sérigraphie, l’estampe et la peinture au pochoir. Mon moyen d’expression privilégié est l’affiche, en différents formats, entre le 18” x 24” et le 72” x 54”. Pour la création de mes affiches, j’utilise des papiers de travail pour les impressions finales, en désobéissance à la hiérarchie entre papiers de travail et papiers nobles et déjouer certains préceptes des arts d’impressions.  Un des moyens de diffusion de mes affiches est de les coller sur des surfaces de la ville, en mode affichage sauvage, pour essayer d’être vu par les gens qui n’ont pas l’habitude de fréquenter des galeries. L’autre moyen de diffusion prévu est l’exposition en salle, mais dans ce cas, je planifie la distribution gratuite des copies de mes affiches aux visiteur.e.s, dans un geste anti-capitaliste, afin de détourner certaines règles du marché des arts visuels. Dans mon travail en art d’impressions, les copies ne sont pas des reproductions identiques d’une même matrice, mais plutôt des opportunités de poursuivre la recherche visuelle, par l'expérimentation libre en atelier des nouvelles variations que je peux créer par le détournement des règles de la pratique des arts d'impression : je fais des répétitions de textes ou d’images pour chercher des textures visuelles inattendues; j’embrasse les taches, les bavures et les imperfections comme éléments visuels intégrés aux images que je crée; j’explore des agencement imprévus entre les éléments visuels, pour permettre une pensée créative continuement active. Dans cette perspective, il n’y a pas une seule image finale qui résume la totalité de la recherche visuelle sous l’aura d'œuvre d'art unique, mais plutôt de multiples propositions qui témoignent de la vivacité de la recherche en continue. 


Pour un aperçu de mes créations à la maîtrise, je vous invite à visiter mon site Internet : www.alvaroartist.ca