Je comprends pas bien le problème des PD de droite avec leur sida phobie. Genre c’est pas comme si avec la prep qu’on ingère tous les jours on était pas médicamenteux.ses et sous traitement de toute manière. La prep pour le commun des mortels c’est prophylaxie pré-exposition. Voilà. Ahah ok, la prép c’est une pillule qui empêche l’infection par le virus du sida pour les personnes séro-negatives. Voilà ta petite def de google ma chérie. Du coup je prends ça tous les jours. C’est pas vraiment une énorme diff par rapport aux autres qui suivent un traitement blabla. Same same different tu vois. Tous les jours ma petite pilule verte pour me protéger alors que je prends des bite, doigts, dildo dans la chatte. Protéger c’est pas le bon mot. 


     Mon addiction à la bite sous toutes ses formes se résume à cette pilule et mon check up tous les 3 mois. Bon don’t get me wrong, j’entends très régulièrement des potes me dire que dans les années 80 ça ferait longtemps que je serai crevé donc c’est déjà ça. Et c’est clair au moins je crève pas de mon amour inconditionnel pour la stimulation prostatique? Le sex gay tellement dégueulasse que je dois prendre une pilule tous les jours pour me rappeler que quand même c’est sacrément contre nature tout ça. Et souvent j’oublie carrément de la prendre et on retombe dans les méandres illogiques du genre “je vais creuser ma tombe seule comme une sale pédale”. C’est fou comme les hétéros ont réussis à créer ce sentiment d’insécurité constante chez nous. Au moins, c’est efficace, je vais me faire dépister car je flippe même si on sait bien que on traite ça bien maintenant et qu’il n’y a plus d’impact sur l’espérance de vie donc c’est quoi mon putain de problème avec cette peur irrationnelle. Après j’entends déjà au loin les plaintes du genre, “mais c’est quand même grave comme maladie blabla”. Et clair, je veux pas non plus être la jeune poupée conne et insouciante qui ne réalise pas tous les gens morts avant iel pour en arriver où j’en suis. Je suis aware 6/10 un truc du genre. Ce qui n’empêche pas ma peur tu comprends. Après, meh tu me diras que l’environnement homophobe de la campagne française dans lequel j’ai grandis n’aide pas. Like entendre mes parents dégoûtés par des scènes homo-erotiques à télé et voir Guillaume Dustan humilié en live tv car on est vraiment des moins que rien et surtout comment peut-il oser baiser sans condom tu vois? Alors que tous les putains d’hétéros le font H24 donc laisse moi avec tes histoires de safety.


     Après je fais un peu semblant avec mes références de Dustan car ma génération c’est plutôt “le mariage pour tous” tout ça. On baise des chattes, des culs, des trous c’est tout comme baiser des animaux et des enfants en live à télé. Et moi 12 ans j’entends ça et je me dis: ouais c’est clair, beurk. 

 

     15 ans plus tard me voilà presque 7 jours sur 7 les mains dans la merde à essayer de ma nettoyer le cul afin de prendre le plus de bites possible. Il faut mettre les choses en perspective. Au final qu’est-ce qui est dégueulasse? Tu as la réponse peut-être? Ma vibe c’est aussi le canal + tv homosexuel à 1h du mat dans le salon des parents. Mais c’était crypté donc je pouvais juste voir les bites en pixel, mieux que rien elle me dit. Voir que des mecs blancs hyper musclés qui se démontent et je vois ça et je me dis euhhh c’est pas moi ça. Je suis un peu turn on par les gros chibres mais après je vois personne que je peux remplacer. Car déjà à ce moment là je suis deux choses qu’on ne voit pas trop à la télé. De 1 complètement pervers en mode besoin de me faire pisser dessus, crachée dessus et bifler. Je sais pas trop d’où ça vient. Il faudrait demander à Freud ton pote blanc cis hétéro il aurait toutes les réponses à te manslpainer concernant ma psyché de folle. Et de 2 je suis une pédale super androgyne à l’époque ce qui entraîne jusqu’à aujourd’hui de beaux états dysphoriques. 

 

     Genre imagine mon cerveaux. Toute mon enfance et adolescence on me parle au féminin et moi je résiste et suis en mode ah ok mais en fait ça correspond pas trop à ce que je ressens. Je me souviens bien au Mac’Do à chaque fois c’était un truc du genre: « Bonjour Madame, qu’est ce que je peux vous servir ». Et puis à 14 ans quand tu essaies de comprendre ce qui t’arrive dans ton corps et que c’est déjà tellement hors-normes de kiffer les garçons, cette histoire de genre ça fait exploser mon cerveau tu vois. On se fout suffisamment de ma gueule parce que je m’épile les sourcils fin comme des cure-dents et j’applique un putain de fond de teint qui ne correspond pas. Résultat des courses j’ai la peau blanche fantôme toute mon adolescence. On dirait que je vais commencer un make up drag pour halloween en permanence. 

 

     Une autre anecdote c’est un mec dans ma classe qui me dit un truc qui reste dans ma tête presque daily jusqu’à aujourd’hui. Un truc qui sonne en mode, « mais en fait Pierre, tu es super androgyne. On sait pas bien si tu es un mec ou une meuf. » et ça à l’époque cousin, ça me fait peter un plomb. Alors que moral de l’histoire, j’étais dans le nirvana de ma vie gender fluid et je ne le savais même pas. Il fallait apprécier un peu plus en vrai. Et depuis que j’ai des poils au visage, on me répète monsieur monsieur il |  il |  il et je suis là mais en fait ça correspond pas trop à ce que je ressens. Eurêka bitch ça s’appelle être non-binaire félicitations pour cette découverte. 

 

     Les problèmes arrivent aussi quand je commence à baiser car ma bite me dégoûte grave et je veux pas y toucher, ni qu’on la voit, ni qu’on la touche (enfin des fois c’est ok, on connaît les règles binaires du 100% oui ou 100% non, ça existe pas mais disons que la majorité du temps on va pas de se focus sur cette partie du corps). Et mon cul porte tous les noms possibles ce que je kiffe bien, c’est une chatte, un cul, un trou, un “prend ça sale chienne” - my favorite. Bref du coup je suis un peu lost dans tout ça et je crois qu’il va falloir accepter cet état opaque. Genre je veux avoir les jambes douces pendant 2 mois et les cheveux longs et être la plus fem possible. Et 1 semaine plus tard on est en mode soft butch. car on va se l’avouer je ne suis jamais trop masc quand même. Car c’est inhérent à ma représentation de genre donc je vais pas non plus en rajouter. Il faudrait mieux que je passe du temps à essayer d’avoir l’air plus fem parce que pour l’instant c’est il/lui à tous les temps. Je parle de tout ça comme si c’était exceptionnel mais bon ça coûte moins cher qu’une thérapie en Suisse donc on fait avec ce qu’on a. Cette binarité h24 qu’est ce que ça me saoule. Je suis tellement gemini que le shape shifting c’est devenu mon identité de genre haha. Il n’y a pas plus gemini que ça je te le dis. 

 

     « We must learn to be at home in the quivering tension of the in-between. No other home is available. In-between nature and culture, in-between biology and philosophy, in-between the human and everything we ram ourselves up against, everything we desperately shield ourselves from, everything we throw ourselves into, wrecked and recklessly, watching, amazed, as our skins become thinner » Hydrofeminism: Or, On Becoming a Body of Water - Astrida Neimanis

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