La baise c’est l’endroit où je rencontre le plus de diversité de classe, de genre, d’handicap ou non et de races. Plus que dans mon job de danseur.euse.x contemporaine. Genre être une hoe au moins ca me fait baiser avec pas mal de monde. Et please, pas ces trucs vomitifs du genre “j’ai un type de mec”. Avec moi baby, si tu es dom et masc (et encore c’est négociable), on peut aller loin. Je baise avec un banquier Suisse, un Ougandais qui passe ses journées à faire des language courses, les artistes Berlinois pros du BDSM qui me baisent dans les clubs devant tout le monde, un.e Brésilien.ne.x avec un style parfait qui baise comme un.e ouf, un geek Français étudiant en ingénierie à la pause déjeuner, une meuf Suisse avec un strap-on extraterrestre qui me démonte comme jamais, une personne qui me baise juste avec ses mots hyper dominants, un Colombien de 19 ans qui rêve d’acheter un ranch au Texas, les vieux Italiens en voiture, les fag hag de tous les horizons, les architectes les plus dirty et twisted qui existent et mes favorites les trans masc avec leurs grosses bites. À ce rythme là il faudrait au moins que je me fasse rémunérer car ça devient un projet de médiation culturelle. Mais bon qui veut payer une pédale un peu sexy un peu laide pour la baiser. Pas sûr du contrat ici. 

 

     Pourtant, c’est le défilé des pouvoirs et des puissances dans ma chatte. Le plaisir c’est l’endroit où ces puissances peuvent disparaître. On se touche, se doigte, se branle sans responsabilité, avec moins de relations de pouvoir (à part si on faire du power exchange / BDSM mais ça c’est construit). Quand on arrive dans la chambre, le focus c’est la peau. Le focus c’est le plaisir. Je ne sais pas qui tu es, tu ne sais pas qui je suis mais on se fait confiance dans l’échange de trucs qui font du bien. Le plus c’est cette étrangeté. On se démonte dans l’inconnu de l’autre.


     «What we don't know will never hurt. It's true you're a stranger, so you're perfect. You're a stranger, so you're perfect » Perfect Strangers - FKA Twigs

 

     Le jeu de la société des pouvoirs disparaît jusqu’à la parlotte de fin de sexe où tu me dis que tu es de droite, que les folles sur les chars à la gay pride ça te dégoûte et que tu veux des toilettes séparées car les trans sont pas de vrais mecs. Et là c’est placage au sol, double droite dans la gueule. Après, il y a parfois de bonnes surprises aussi. Le.a dom top déconstruit fan de littérature, ouf, ca me fait jouir encore plus fort. Et j’en redemande. Aussi, bien sûr, il faut pouvoir accéder à la rencontre et c’est là que le jeu des pouvoirs à lieu bien sûr. Je suis pas non plus dans la naïveté la plus totale babe. Tout le monde n’a pas accès à tout le monde. Le pouvoir de Grindr. Le pouvoir des standards de beauté, de hotness, de sexyness et d’âge. Des fois, quand je me regarde dans le miroir des gens qui possèdent cet objet dans leur chambre pour se voir enculer, je me dis que quand même une petite pièce pour ce travail de qualité ça serait bien mérité. Mes plans sont souvent hyper étonné.e.x.s de mes capacités. Et à chaque fois je suis un peu en mode, bah j’y travaille baby. Genre la gorge profonde ça se bosse tu vois, ne pas avoir peur que tout remonte en mode vomito. Et au pire quand ça remonte tu ravales tu vois, ça fait partie du job du sub. Mais bon c’est quand même assez désagréable donc la majorité du temps j’essaie plutôt de contrôler la déglutition pour pas que ça remonte. 

 

     Moi la passionnée de la danse, je peux te dire que c’est de la recherche corporelle somatic sur le micro mouvement tout ça. Une practice comme on dit. Apprendre à contrôler ses muscles de la gorge pour ne pas dégueuler. So 21ème siècle comme talent tu me diras. Et au niveau du cul, on en parle pas, je peux prendre des trucs massifs. Après je suis pas encore pro du fist donc on va pas non plus se vanter. 

 

     « Les faggots me rappellent sans cesse qu’en des temps de pénurie apparente, notre plus belle riposte consiste à répondre par l’abondance. Lorsque l’abandon semble total, il reste les rayons de lune et les arbres vers qui se tourner, à qui parler, avec qui faire l’amour. Il y a les abeilles, aussi, dont on peut écouter le murmure. » The faggots and their friends between revolutions - Préface de Tourmaline

 

     Le vrai boulot dans tout ça c’est le putain de douching. Car la majorité des gens quand je parle de ça sont grave choqués. Et d’ailleurs moi aussi ça me choque tout ce boulot pour une baise. Souvent pendant que je suis en train de me laver les trous pour y sortir toute la merde que j’ai ingérée durant la journée je me dis que quand même j’ai bien été punie par les dieux d’autant kiffer me faire déboîter. Genre qu’est ce que je préférais être un bon top ou encore mieux un hétéro pour cet aspect de la démarche. Je dois me foutre de l’eau dans les trous pendant au moins 1h, et je déconne pas, si la session va être longue et la bite est grosse. Souvent il faut juger sur les photos Grindr pour savoir si la bite est suffisamment grosse pour atteindre le 2ème trou et du coup si je dois me doucher jusqu’au bout. Si les sub bottom comme moi ne devaient pas se doucher et s’affamer pour en prendre pendant des heures je te raconte pas les orgies dépravées dans les rues. La punition du plaisir prostatique aiguë. C’est très christianisme vibes au final, un petit péché et la punition qui va avec. 

 

     Comment vont terminer mes intestins dans plusieurs années à force de laver tout mon macrobiome au karsher 4 ou 5 fois par semaine. Elle est tarée votre pote. Des fois quand j’imagine les trous dans mes intestins et tout le bordel qui va m’arriver à 60 ans j’ai envie de pleurer putain. Espérons que les organes sont aussi élastiques que l’on nous le raconte. Ou au pire je pratiquerai la technique de l’affamé, c’est direct et facile. Quand il n’y a plus rien dans le trou ça va plus vite à nettoyer. Ça participe à mon régime de salope, rien manger et rester une skinny legend avec de graves problèmes alimentaires. 

Chapitre 2: Perfect Stranger