Ma brand c’est je vais te donner du plaisir. Je prends du plaisir en en donnant à l’autre personne. Et tu es là, euh what? C’est pas vraiment le but d’un rapport sexuel baby, c’est plutôt le plaisir mutuel. Et depuis que je fais ça en mode weekly daily comme si j’étais un.e sex worker je me demande où est passé le plaisir. Qui est-ce que je recherche à satisfaire en faisant le sex comme un.e good student.
«We will be civil but we won’t be polite», c’est la phrase d’une partition chorégraphique de l’artiste Isabel Lewis qui tourne en boucle dans ma tête. Elle dit que la politesse tue la créativité et qu’il y a besoin de friction pour que la créativité apparaisse. Et même pour le cul putain, des fois on a besoin de friction pour le cul créatif tu vois. C’est pour ça qu’on fait du bareback raw maybe. On baise sans préservatif même à l’époque où la prep n’existe pas. On baise pour défier la vie. On baise car la mort nous regarde droit dans les yeux en tant que discidant.e.x.s de la société.
Bien raw mes pêches et ta grosse bite. Bien raw moi qui m’étouffe sur tes membres. Bien raw quand tu me claques le cul jusqu’à que j’ai des bleus pendant 1 semaine. Stop la politesse et prend ce que tu veux dans mon corps. Ça me fait perdre le contrôle. That’s maybe what I am looking for as a sub, loose the responsibility of caring for my own self, loose the sense of politeness, loose sense of self and be. Just be. Or becoming other. Bounce on that dick ça me rappelle à la réalité du corps. En vrai, plus tu es violent.e.x avec moi, plus j’ai l’impression de perdre mon syndrome du tout doit être parfait, la meilleure slut de toute ta vie. Genre je veux faire tout bien parfaitement pour que la personne soit en mode wouah j’ai jamais eu un rapport comme ça. C’est fou de vivre tellement en profondeur dans l’approbation des autres.
«’Fuck me ’til I don’t exist’. […] That is the problem with being human. We exist for each other only when we don’t exist; and we don’t exist for each other only in those moments of raw existing. We are monsters of existence, and non-existence. That is all. » Reverse Cowgirl - McKenzie Wark
C’est d’ailleurs pour ça que j’adore être sur scène mais que je n’obtiens jamais la célébration/satisfaction tant espérée. Génération réseaux sociaux ma chérie. Vivre dans l’attente d’une confirmation extérieure de sa qualité. Valide moi comme un ticket de métro. Je veux recevoir mes likes, je veux recevoir mon confidence boost grâce aux louanges qui arrivent dans toutes les directions.
Je pensais à ça l’autre soir quand je me faisais baiser par mon mec high sous ketamine et LSD (le meilleur combo d’ailleurs si tu veux mon avis), je me disais putain à force de chercher à satisfaire tout le monde tu oublies comment te faire du bien à toi même. Je cherche le plaisir charnel. Je cherche à faire plaisir. La good girl dans sa manière de vivre. Gooooooooood girl! C’est pour ça que je kiffe être un bon soumis. Au moins dans cet état on me célèbre et on me dit que ce que je fais c’est pas trop de la merde. On me dit good girl/boy/little one. ‘You are doing a good job’. Et quand c’est vraiment pas du bon boulot, on me le dit aussi et bam coup de ceinture ou marque rouge de main sur le derche. C’est putain de clair. Je déteste la binarité mais j’adore les affirmations claires lol. C’est toujours un putain de gris fluide que j’aime célébrer. Mais arf des fois qu’est-ce que je voudrais juste un peu plus de célébration directe et stupide. Clarifier les rôles comme dans une relation BDSM. Genre je suis sub et tu es dom. Ce qui ne veut pas dire que je peux pas être power sub tu vois.
Quand je me fais pénétrer je suis une version métamorphique de moi-même. Créature multipliée par une bite dans ses trous. Je deviens monstre mystique divin. Et même sans bite dans mes trous les échanges hormonaux me rendent poreux.se, les bactéries me pénètrent en permanence. Tu me suis? Le concept c’est ça. Holobionte. «Un holobionte est l'entité constituée par un organisme hôte et l'ensemble des micro-organismes (bactéries, champignons, virus) qui lui sont associés et vivent en symbiose avec lui.» Un corps toujours pénétré pénétrant, les alvéoles constamment en train de se faire baiser. La chaire transformée transformante. Se dissoudre dans son environnement. Le sex moléculaire tu vois baby. Le microscopique qui te démonte par tous les trous, l’expansion mathématique de tous les trous. Et si on continue avec cette logique ça veut dire que tout est en relation d’interdépendance. Tout se relie, s’entremêle et s’échappe. L’idée du fugitivité des corps. Et du coup, si tout est interdépendant, plus tu fais du mal à ton environnement plus tu t’attaques toi-même. C’est une histoire de non-violence, ça aide à imaginer que si tout est extension du moi, déjà je disparais un peu plus en tant d’individu.e.x capitalisé.e.x solitaire et en plus j’aperçois la préciosité des choses. Après ça c’est la théorie. Il faut comprendre des histoires de non-violence persuasive. Non-violence engagée et vénère. On est pas juste des passives hypies des 70’s. On est des pédales passives énervées qui vont protester, stopper, et empêcher. Nous sommes des fées engagées dans un combat où le fantastique est resté à la maison. Les pédales et leurs ami.e.x.s contre les révolutions comme nous le disait Larry Mitchel.
Bref on revient à notre histoire de plaisir monstrueux. je suis un monstre qui vous parle, tu connais ce bouquin de Preciado? Bah je me sens souvent comme ça. Mais je suis pas exceptionnelle tqt tout le monde j’imagine un peu comme ça mais moi je suis la version dégueulasse qui boit la pisse, lèche les pieds et suce des bites. En gros tu fais ce que tu veux avec moi tant que ça te donne du plaisir. Même si c’est dégradant. Je deviens un sac à liquides de plaisir. Souvent quand la personne m’utilise de manière violente je lâche prise encore plus et parviens à me mettre dans un état de dissociation complète.
« To link a practice of nonviolence with a force or strength that is distinguished from destructive violence, one that is manifest in solidarity alliances of resistance and persistence, is to refute the characterisation of nonviolence as a weak and useless passivity » The force of Nonviolence - Judith Butler