« The positivity of exhibiting nudity without a veil is pornographic. It lacks erotic luster. The pornographic body is smooth. Nothing interrupts it. Interruption produces ambivalence, ambiguity. This semantic fuzziness is erotic. Moreover, the erotics presumes the negativity of the secret and hiddenness. There is no erotics of transparency. Precisely where the secret vanishes in favor of total exhibition and bareness, pornography begins. It is characterised by penetrating, intrusive positivity » The Transparency Society - Byung-Chul Han
Je deviens porno. Je me surexpose, montre, dévoile toutes les facettes de mon corps sur une multitude d’interfaces, tout mon corps est possiblement scruté. Une objectification de soi. La transparence c’est le porno. S’exposer aux yeux de toux·tes, partager son album, poster son petit cul sur X, poster du contenu explicite partout, parler de mes pensées les plus vulnérables, fustiger le monde virtuel de mes vidéos inutiles, devenir transparent·e, dévoiler les mystères.
Je deviens pornographie. L’érotique du mystère disparaît. La boue des choses fluides laisse place à la démonstration des vérités les plus crues possibles. Dire toutes les choses les plus vulgaires les unes que les autres. Les mots sortent et on a besoin d’un trigger warning. Le doomscrolling devient goon-scrolling. Je goon devant du contenu à longueur de journée. Je donne à mon cerveau ses besoins en pornographie du vivant. Dopamine rush. Je bouffe de la bite comme je bouffe du contenu. Je deviens pornographie de classe, de genre, de sexualité. Pornographie artistique dansée. Je veux que mon contenu devienne viral. J’ai une charge virale h24.
Le gooning c’est le fait de se masturber devant des films sexuels pendant des heures, voire des jours, avant d’atteindre un état d’hypnose, d’extase. Les communautés du goon font ça sans fin sur Discord. On se filme, on entre dans des états de perte de contrôle. Les yeux croisés, la bave qui coule, on veut plus penser. Finalement quand je passe des heures dans le monde virtuel je goon-scroll. Je m’exhibe tout en objectifiant les autres. Je me regarde, tout en regardant. J’entre dans des états simulés, altérés de conscience. Je bave sur ce que je vois, mes yeux se croisent en aliénation. Cette cérémonie dure des heures, des jours. J’ai une bite digitale. Tout le monde a une bite digitale qu’iel utilise pour pénétrer les sphères du virtuel.
Quand tu lis ces lignes ta bite virtuelle grossit en consommant le contenu pornographié que je te propose. Mon corps virtuel se plie. Imagine que tu attrapes les pages virtuelles de ce livre, tu les roules, tu transformes ces pages virtuelles en trou béant pour ta grosse bite virtuelle. Elle pousse d’où cette bite? D’où tu veux. La taille que tu veux même, la forme/texture/dureté que tu veux. Elle existe, elle excite. Mon trou s’adapte bien à ta bite virtuelle. Tu utilises ces lignes pour me baiser avec ta bite de gooner·euse·x. Mon rêve de me faire désirer et baiser par tou·x·s·tes devient réalité. Tes yeux aliénés par l’écran percent mon trou bien mouillé.
Je deviens pornographie cross-médias. Tu m’attrapes avec ta grosse bite. Tu la vois bien? Tu sens ça? L’orgasme est impossible, le contenu est infini. On goon-scroll ensemble t’inquiète babe. C’est bien. C’est bien tu me baises bien. Je kiffe ça, j’suis ta salope, donne-la-moi encore un peu s’il te plaît. J’en veux plus, j’en veux toujours plus. On ne s’arrête pas aux limites du bienséant. Je veux disparaître sous tes coups de bite virtuelle. Baise-moi jusqu’à ce que je disparaisse. Je deviens plaisir suprême. Ma forme finale. Extase pornographiée. La bave qui coule quand j’écris ces lignes sert de lubrifiant, tu m’injectes toute ta puissance électrique. Je m’exhibe, me montre pour toi babe. C’est la joie du plaisir chimérique. Je te transforme quand tu lis ces lignes. Mes mots résonnent dans ton subconscient. J’altère un peu tes pensées.
La circlusion. Je t’englobe avec mes trous. La circlusion ça dépasse les notions d’actif ou passif. La circlusion c’est l’acte d’enrober, d’entourer quelque chose par-dessus. L’action de ma cavité qui entoure ton pénis virtuel. Putain ça goon grave. On fait ça pendant des heures et quand ça s’arrête on se retrouve coupé·es des sens, les yeux rouges de contenu, le cerveau possédé par une myriade d’images qui se sont révélées à nous. Ça valait le coup de devenir pornographie. Ces moments de béatitude interstellaires. Hors du temps dans notre goon-scrolling.
« If I could not know who I was from the world touching me from the outside, prodding ’til I felt a self; then I would become one by being touched from the inside. Edward’s cock would press my insides against their boundaries, pushing what would become, when pressed, against skin from the inside, a being I could call, a being I could call I » Reverse Cowgirl - McKenzie Wark