Je pense pas mal aux PD de droite ces temps et leur présupposé communauté. Et plus particulièrement je pense aux circuits gays ceux qui font les circuit parties qui disent masc for masc sur Grindr et qui sont blancs, qui n’ont que des potes blancs, musclés, ne baisent que entre eux et refusent l’idée d’une personne fem, trans et gay. ils te font la liste des trucs qui n’aiment pas de ta photo sur Grindr. « tu as les ongles fait en ce moment? j’aime pas trop tes piercings tu peux les enlever? t’es du genre excentrique? arf dommage car j’aimais bien tes photos mais tu te gâches avec ce style ». alors que ça fait 5minutes que je te parle. les gays fachos c’est réel si jamais. genre ces mecs ils ne pensent pas que le peu de droits acquis pour leurs gay asses c’est grâce aux trans black fem. l’ignorance elle a du bon. et c’est clair des fois je laisse un de ces mecs me baiser car il s’est perdu sur Grindr et a pas compris qu’il baisait un.e faggot enragée et fortement de gauche. ils s’extirpent de la communauté. une fois j’ai fait un date avec l’un d’eux et les mots qui sortaient de sa bouche genre. il parlait du fait qu’il ne comprends pas pourquoi on a besoin de s’afficher comme des folles sur des chars en juin, qu’il veut juste une petite famille tranquille et s’inclure dans la société. my god je vais vomir. genre c’est quoi ton putain de problème. tu comprends pas l’activisme en fait ma chérie. tu comprends pas qu’on a besoin de dire les choses. qu’on ne veut pas d’une société hétéronormative qui ne convient qu’à une partie de la populasse. on en veut pas de cette merde. les circuit gays qui se distancent eux-mêmes des autres. un autre mec me disait une fois que ça le saoulait cette histoire de toilettes avec les personnes trans et qu’il veut être tranquille et qu’il veut se séparer des problèmes des personnes trans. donc sa proposition c’est de séparer le LBG du TQIA+. car on ne veut pas être associés aux problèmes des trans qui font tout un boucan avec leurs problèmes. c’est clair se faire insulter, tabasser et tuer dans la rue et à la maison parce que tu es trans c’est grave un problème dont on ne veut pas parler. je pense à Édouard Glissant qui parle de distancer l’autre en le reconnaissant, en déterminant ses contours. il parle du droit à l’opacité que j’adore. on essaie, plutôt que de définir le magma entrelacé de le Humain, de ne pas reconnaître et nommer l’autre en tant qu’autre. on cherche à garder le flou des humanités complexes qui nous entourent. ce qui n’empêche pas selon moi d’avoir des combats individuels et particuliers qui imposent l’acquisition de communauté spécifiques. il demande le droit à l’opacité. et ces putains de gays ils essaient de se distancer justement. loin de moi que je puisse te nommer sale trans. j’ai un problème éthique ici tu vois. l’éthique de baiser des trash bags avec qui je n’aurais jamais de conversation et pourtant les désirer un minimum. on désire ce que l’on n’a pas dans la vie de tous les jours? arf j’espère pas. l’idée de l’inateignale. de l’histoire dans sa tête. d’ailleurs en parlant de se raconter des trucs chelous, hier j’ai vu un mec qui m’a demandé de lui dire « je t’aime » pendant qu’il me trouait. c’est assez perturbant ce genre de demandes pendant l’acte avec un inconnu que tu viens de rencontrer. en vrai je le fais parce que maybe ça lui fait du bien. ça parle trop de la solitude, de l’effacement de soi et de la distance que les application des chauds de la bite créée. le refuge dans le sex facile, demander à un.e.x inconnu.e.x de t’aimer lors d’un acte qui est plus mécanique que sensuel dans ces circonstances. après je fais mon job de satisfaction comme il faut et let’s go j’aime ce mec que je trouve laid, avec qui je ne pourrais jamais boire un verre, peut être que j’aime un peu sa bite. démembrer les parties du corps pour les aimes individuellement? arf c’est un peu film d’horreur. après il y a beaucoup de ça dans les sessions de PD. l’histoire qu’on se raconte avant/pendant/apres. challenger le réel. se construire une vérité propre. se construire une narration. et c’est un peu ça qu’on fait aussi en danse contemporaine. on raconte des histoires entre nous, à d’autres gens, on laisse les gens raconter des histoires de ce qu’iels voient. on raconte en se faisant trouer la chatte. on ré-invente, renoue avec un présent. on challenge un peu le réel qui n’accepte que très peu notre queerness dissidente. on raconte que je suis ton good girlboy. je suis la personne qui t’aime le plus au monde. la personne qui suis ton petit chien (on en reparlera de ca d’ailleurs, moi être chien avec que j’ai la phobie des chiens). la question c’est est-ce qu’on y croit à nos histoires. car pour l’acter vraiment, faire exister dans le sensible il faut y croire. i believe in you comme chante Kylie Minogue. elle dit: « i don’t believe that magic is only in the mind ». croire dans notre potentialité. mais le truc c’est que des fois ça peut surprendre les fantasies des gens en plein milieu d’une bite dans la gorge qui te racle les amygdales. tu as la bite et tu essaies de pas vomir et on te dit « je te viole la gueule », « tu bouges je t’éclate la gueule jusqu’au sang », « tu es mon esclave sale chienne », « tu kiffes ça petit.e frère/soeur ». l’excitation ça révèle. l’excitation qui ne contrôle plus ce qu’elle dit des fois elle me donne envie de courir et de partir. nos pensées profondes et inassouvies qui s’expriment pendant que tu struggles. la menace de ne pas pouvoir satisfaire. la menace de se faire casser la gueule. les enjeux de réalité. est-ce que quand tu me dis que tu me violes ça devient réel? car je ne crois pas trop au fait que ce que tu vies n’est que litanie désincorporée. les vecteurs et tangentes bougent. les lignes de notre jeu se bousculent. on parle de roleplay en BDSM et bien sûr des fois je joue un rôle mais celui-ci me traverse. je suis ce rôle, je deviens cette histoire, je suis cette histoire et malgré tout je me fais en partie violer quand tu me dis que tu me violes. tu donnes pouvoir à la situation. tu donnes rôles à la situation. tu donnes violence. et on est d’accord la situation ne peut pas tout le temps être safer ou joviale et j’aime jouer avec la darkness. j’aime jouer avec le sale, l’interdit, l’immonde, le monstrueux. c’est très queer comme théorie. on tombe dans un trou. on tombe dans des idées invisibles. et ça c’est cool mais ça joue aussi avec mes limites des possibles dans les kink sexuels. l’inceste, le viol, l’esclavagisme et le meurtre violent c’est pas trop dans le réel que je souhaite incorporer et donner à notre monde de la sexualité. je veux un monde de la sexualité complexe, pornographique, flou et loin de la clarté et de l’identifiable. je veux une sexualité fantaisiste qui prononce un réel vivable pour les personnes queer. une sexualité paradoxale. la promesse que nous fait le paradox de vouloir se faire tringler par des fachos et de les détruire. de vouloir se la jouer boygirl et de se battre contre les binarités. les duels s’évanouissent pour laisser place à une expérience d’un autre ordre: le multiple.
« The gender of a person with whom one has sex, or it thought to have sex, is a powerful constituent of whether one is considered a woman or a man in society » Who’s Afraid of Gender? - Judith Butler