Je passe beaucoup de temps à Berlin. j’y vais pour la première fois en Novembre 2024, à 28 ans. Lol, je sais. J’arrive au moment où tout le monde se casse car c’est trop reush, les clubs ferment et qu’il y a plus de vibes artistiques. Bref moi je découvre la vie de débauche et d’excès alors que je sors juste de mon rétablissement pour l’opération de mon cancer des couilles. On imagine bien comment la drogue arrive plus vite au cerveau quand tu es déjà ravagée comme ça et que tu penses qu’à crever H24. C’est drôle le fait d’avoir un cancer à 28 ans chez moi ça a pas trop réglé le problème de la question existentielle. Ou peut être que si au final. Genre je suis passé au niveau 4 final boss sans passer par le niveau 2 tu vois. L’intensité du jeu « slut and gender identities » a augmenté d’un coup en mode booster. Et me voila à vivre comme si j’allais crever dans 10 secondes. Car si tu peux avoir un cancer avant 30 ans au final quelles sont les règles du jeu? Je pensais qu’on jouait un jeu un peu censé jusqu’ici (je sais les privilèges sont grands) et bien sur que non en fait Karen. Les règles du boss final peuvent arriver direct en mode une droite dans ta gueule comme ça. Cette histoire ca m’a juste donné envie de faire n’imp c’est ça le problème, ce qui j’imagine va résulter dans le fait que je vais dead ça plus tôt que prévu hmmmmmm. Donc en vrai c’est ambivalent. À la fois je fais plus la fiesta à Berlin en mode YOLO et à la fois l’intensité de ma destruction individuelle me rapproche plus rapidement de la fin du chapitre. Meh.

 

     « Ever since I've been positive I've seen myself as a loaded gun. Sperm replaced the bullets. With it I had power, like guys attacking banks with syringes. The first time was a skinny blond. I took h i m from behind. I got soft. Shame. I pulled out. I jerked off. I couldn't get hard again. I pulled the condom off. I jerked off thinking about what I could do. I pushed back in, n o condom. I ended up going soft again because I was thinking too much. I pulled out again. I finished myself off by hand, plenty o f guys do that. He didn't see anything. I was the only one who knew. » Stronger Than Me - Guillaume Dustan

 

     Bref Berlin, mon arrivée coïncidence avec mes premiers mélanges de drogues et de cul à plusieurs et surtout me faire remplir par des anonymes dont je vois pas la gueule. je suis trop enfant angélique je sais. Dès que j’y pense je revois la darkness de ces soirées où je ne mange rien et je ne fais que baiser. Car nos potes qui ne doivent pas se la prendre dans le uc pour baiser je t’explique. manger = digérer = le sexe c’est compliqué. donc en général quand je suis en mode slut streak à Berlin je ne mange rien et je prends de la drogue. Tu peux bien t’imaginer que c’est pas jojo ma face après 4 jours de ce traitement. On dirait un fantôme mais pas celui dont on parle dans les bouquins artsy que je lis à l’université. Car on parle souvent de figures fantomatiques qui hantent les lieux et comment les rappeler dans nos imaginaires collectifs pour se souvenir de nos ancêtres et assumer notre histoire commune effrayante. Mais lors de l’une de mes résidences berlinoise, le fantôme est plutôt en mode corps de danseuse classique dont la prof lui dit d’aller se faire vomir 5 jours sur 7. La joie des joues creusées. Les tremblements de fatigue. Je me demande aussi qui veut bien baiser ce cadavre quand je me vois dans le miroir de l’ascenseur, le seul moment où je me confronte au miroir d’ailleurs parce que la prise de conscience dans ces moments il vaut mieux l’éviter. Je vais dans les chambres d’hôtel, les clubs, les saunas, la rue, le taxi…. je me fais baiser partout où on veut bien de moi. Je cherche à ce qu’on veuille de moi. Je veux me faire désirer par tous.x.tes les PD. Je veux qu’on voit ce cadavre que je déteste et qu’on puisse se dire, ouais je vais y mettre ma dose, mon sperme, let me breed it. Je veux satisfaire Berlin. Je veux satisfaire le trou béant de mon insatisfaction personnelle. Je veux combler la tristesse et la dépression avec des litres de sperme, de pisse, de salive. Je veux combler pour devenir cette fausse star du porno qu’on désire, dont on rêve quand on se masturbe. Même si pour devenir cette star il faudrait que je devienne une poupée musclée de la tête aux pieds. Il faudrait passer les journées à la salle de sport. Regarde sur X/Twitter ces jours et tu verras à quoi ressemblent les bottoms populaires dans l’industrie. Muscles partout. Muscles tout le temps. Je suis la version vieille et millenniale de ta pote Instagram qui cherche à devenir influenceuse. Je cherche à devenir désirable, désirée, désirante. 

 

     Ich bin ein Berliner tout ça. Je revois encore cette chambre d’hôtel où je rentre pour une orgie et je vois carrément une sorte de desserte sur laquelle sont posées toutes les drogues que tu peux imaginer. Et le mec te demande ce que tu veux prendre et te prépare ça aux petits oignons pendant que 4 mecs se fist, se baisent la gueule jusqu’à vomir de la salive sur le sol, se monstruorisent. Il y a aussi des livraisons bien sûr, dans le mode les gens toquent à la porte et viennent chercher leur paquet avant de payer et repartir. et il y a tous les modes d’absorption aussi. on sniff, injecte, fume à la fenêtre, s’en met dans le cul pour que ça aille plus vite ou plus longtemps je me souviens pas trop, par tous les trous. le cœur qui bat comme si il allait s’arrêter à chaque battement ce qui est clairement possible vu le mélange qui se trouve à cette seconde dans ma pupille, dans mon sang de pédale. je devine mon corps mon cœur. je deviens un kleenex que chaque mec qui passe en moi utilise pour s’essuyer la bite. j’entends 3 mecs derrière moi en train de me féliciter de me prendre un poing géant pour la première fois. c’est lunaire. ce qui est drôle avec se prendre un poing dans la chatte c’est que tu ne sais jamais trop à quel niveau tu es. en tout cas chez moi, je ne sais pas trop si j’ai deux poings au fond (ce n’est jamais arrivé si jamais après vérifications) ou si j’ai juste pas mal de doigts ou si je viens juste de faire les premières knuckles. fascinant me direz vous. j’ai peut être simplement pas assez pratiqué who knows. car avec l’habitude tu peux associer la sensation avec l’étape de la main à laquelle tu viens d’arriver. lol. et bien sûr ça prend des vidéos pendant qu’on me démonte la rondelle, pour se souvenir de ce moment hors du temps dans une chambre d’hôtel complètement drogués, ou la conscience de soi vient d’atteindre un niveau de dissociation explosif. c’est presque spirituel à ce niveau. genre faire 1 avec la main qui te pénètre. ça me fait penser à Laban ces conneries. tu sais genre le pentagon de proprioception dans le lequel tu peux sentir les mouvements que tu fais. bah avec le fist je crois pas que ça fonctionne. le principe du truc c’est que tu peux ressentir les mouvements dans une périphérie qui est pentagonale. mais dans mon cas apparemment j’ai pas bien développé ma proprioception au niveau de la profondeur de mes cavités anales. j’imagine que comme tout ça vient en bossant dessus tu vois. après je sais pas si je veux avoir un trou béant à la place du cul. toujours à chercher des expériences plus fortes, plus intenses, plus violentes. plus tu vas loin dans la soumission plus j’ai l’impression que tu dois aller loin. plus tu dois chercher des sensations extrêmes. car les sensations s’effacent. ou c’est peut être encore cette histoire de trouver le plaisir dans une radicalité érotique. c’est une économie qui va bien avec notre temps. le temps de l’extrême, du clivant, de la polarisation. polaire. le froid polaire. je ne parle pas à mon voisin extrême, je baise avec lui par contre. il y a cet article que j’ai lu récemment qui fait le lien entre l’extrémisme politique et sexuel. « il semble que notre climat politique ait atteint un paroxysme où l'extrémisme est la nouvelle norme […] Il fut un temps où la violence verbale dans un contexte fétichiste était considérée comme très kinky. Aujourd'hui, c'est le côté le plus conventionnel du spectre du kink. Alors que notre culture politique continue de se manifester en factions extrêmes, notre compréhension du kink et du fétichisme reflète-t-elle une tendance similaire ? » - article de NikeShoxBoy. je me retrouve souvent dans ces situations où j’ai baisé avec un mec qui se retrouve être hyper fasciste. frôler et flirter avec l’extrême droite, c’est mon seul endroit, mon seul moment, sinon je ne veux pas les voir et ne les vois pas, même si il faudrait plutôt leur parler que de les ignorer on est d’accord. mon algorithme qui me montre que des trucs avec lesquels je suis d’accord n’aide pas. et revenons à cet article, yes moi qui ai commencé ma sexualité sur Grindr et les applications. je vois que être sub c’est de plus en plus violent, que les limites s’étendent, qu’un air de vengeance arrive, les doms déshumanisent, objectifient, endolorissent. je deviens un jouet de plus en plus malmené, les images de l’écran se transmettent aux corps à l’entre corps. les images du virtuel et du sensoriel s’entrelacent pour ne plus se séparer, le manifeste cyborg est incorporé. le cyborg doll sexuelle dont on ne voit plus la valeur, on l’efface, la violente, l’annule, la bloque, la supprime, la ghost dans le réel comme le virtuel. le fantôme est de retour, il hante les sphères du privé. il hante mon corps affamé après plusieurs jours de baise. 

Chapitre 5: NOW FF Chems