ARTISTES:
ANNIE AUGER, CLAIRE BURELLI, OCÉANE BUXTON, PIERRE-OLIVIER DÉRY, FENYX FLORENTINY, NATHALIE GUILLOUX, ALEX HALLÉE, LAURENCE LAPOINTE-ROY, NICK MA, GIUSEPPE MASIA, PIERRE-ÉTIENNE MASSÉ, DENIS McCREADY, SAMUEL MERCURE, FATIMA-ZOHRA OUARDANI, JULIE PASTORE, GABRIELLE TURBIDE, MARIE-PIER VANCHESTEIN
INVITÉS:
MAGALI BABIN, JACYNTHE LORANGER, MICHÈLE MAGEMA, LUCIE ROCHER, RIHAB ESSAYH
Je suis en train de concevoir un corpus d’œuvres qui porte sur la frontière entre le vrai et le faux dans la représentation visuelle de soi. Ma recherche porte sur l’influence que les médias exercent sur notre perception de l’identité, de la réalité, de la vie privée, et de la culture du vedettariat. L’exposition présentera plusieurs impressions photographiques grand format, mettant en scène le personnage fictif de Modeste Niquette, que j’incarnerai. Celle-ci fut une figure polarisante, divisant les opinions et suscitant une gamme d'émotions chez les téléspectateurs québécois. Après avoir prétendument été enlevée par des extraterrestres lors d’un voyage à Miami, Niquette a commencé à documenter sa vie énigmatique et ses expériences récurrentes avec des entités interstellaires à travers la photographie. Ses images, d'abord publiées dans des revues ésotériques, ont gagné en popularité, et elle a fini par diffuser ses prophéties à la télévision grâce à des capsules vidéos. Certains la perçoivent comme une vedette emblématique de la télévision, d'autres l’accusent d’avoir été une fraude dangereuse menant un culte de la personnalité, tandis que d'autres encore la reconnaissent comme une artiste visuelle incomprise. Cette exposition brouille non-seulement ces trois catégories, mais aussi les frontières entre la réalité et la fiction dans la mythologie que Modeste Niquette a créé autour de sa vie avant sa disparition récente. L’exposition comprendra plusieurs photos « célèbres » prises par Niquette, des objets emblématiques qui lui appartenaient, ainsi qu’un faux-documentaire projeté en boucle, accentuant l’illusion du réel.
Dans mes influences artistiques, il est inévitable pour moi de mentionner le travail de Cindy Sherman. Dans sa série photographique Untitled Film Stills (1977–80), Sherman joue avec l’autoreprésentation et crée des personnages fictifs qui semblent sortir de films inexistants. Elle brouille les frontières entre la fiction et la réalité, et c’est aussi ce que je cherche à faire dans mon propre travail. Bien que ce le personnage de Modeste Niquette soit un fragment de mon imagination, elle s'inscrit dans une démarche autofictive, où mes propres expériences, mes connaissances théoriques et mes observations sur la culture populaire nourrissent sa construction. Ces éléments se confondent pour former des images dont le rapport au réel est difficile à cerner, mais qui, juxtaposées les unes aux autres, créent un univers étrangement cinématique. Dans ce projet, je puise des inspirations dans les films des années 70 et 80, mais sans chercher à en reproduire la réalité historique. Au final, ce qui en ressort ressemble davantage aux années 2000, une époque que j’ai réellement vécue et qui demeure encore floue et irréelle dans mon subconscient. J'ai une attirance esthétique envers les films réalisés avant ma naissance, et j’aime collectionner des objets vintage, surtout ceux qui dégagent une étrange aura, comme s'ils étaient légèrement hantés. Je ne crois pas vraiment que des fantômes y résident, mais ces objets semblent porter en eux des histoires inconnues, des fragments de vie que je ne connaîtrai jamais. Cette idée me donne des frissons. Dans mon travail, j’essaie de capturer ce je-ne-sais quoi d’un peu glauque, hanté et inexpliqué que ces objets dégagent. En anglais, eerie est le mot le plus efficace pour décrire ce sentiment. Dans son livre The weird and the eerie, l’auteur et philosophe Mark Fisher décrit le eerie comme quelque chose qui concerne l’inconnu. Lorsque la connaissance est acquise, ce sentiment disparaît. Pas tous les mystères génèrent le eerie. Il doit également y avoir une impression que l'énigme pourrait impliquer des formes de connaissance, de subjectivité et de sensation qui dépassent l'expérience commune. J’ai choisi les extraterrestres comme cadre narratif, car c’est un trope paranormal auquel je crois sincèrement, bien que je demeure sceptique quant à la représentation visuelle que les humains leurs ont attribué. Plusieurs OVNIs ont été vus par des humains et certains prétendent avoir eu des expériences avec des extraterrestres, mais personne n’a jamais réussi à prouver à quoi ils ressemblent vraiment. Pour façonner l’histoire de Modeste Niquette, je m’appuie à la fois sur des clichés appartenant l’imaginaire collectif que sur mon propre imaginaire.
Site web: www.oceanebuxton.com
Instagram: brunettemadamette