ARTISTES:
ANNIE AUGER, CLAIRE BURELLI, OCÉANE BUXTON, PIERRE-OLIVIER DÉRY, FENYX FLORENTINY, NATHALIE GUILLOUX, ALEX HALLÉE, LAURENCE LAPOINTE-ROY, NICK MA, GIUSEPPE MASIA, PIERRE-ÉTIENNE MASSÉ, DENIS McCREADY, SAMUEL MERCURE, FATIMA-ZOHRA OUARDANI, JULIE PASTORE, GABRIELLE TURBIDE, MARIE-PIER VANCHESTEIN
INVITÉS:
MAGALI BABIN, JACYNTHE LORANGER, MICHÈLE MAGEMA, LUCIE ROCHER, RIHAB ESSAYH
Ma démarche artistique résulte de questionnements apparus lors de mon baccalauréat en anthropologie. Elle se définit par un intérêt marqué pour le travail de terrain, l’autoethnographie et l’ethnologie chez soi. C’est en jouant avec une méthodologie tirée des sciences humaines que j’élabore mes œuvres. Elles sont le reflet d’un processus de recherche et de questionnements qui se développent à l’amorce du travail. Collectes,
observations, hypothèses, enquêtes, carnets de terrain sont à l’origine de nombreux projets. Mes œuvres s’élaborent donc patiemment, au rythme de cueillettes méthodiques.
J’ai l’habitude de travailler des objets chargés de mémoire. Assemblés, ils forment de nouveaux récits. Ainsi, je me dessine en artiste chercheuse.
Le rêve est une expérience sociale, j’en émets l’hypothèse. À travers des expériences contrôlées, je mets en place les conditions nécessaires au partage onirique. Échanges, résidences de songes et ateliers constituent l’ensemble de ces activités relationnelles.
Expérience 1. Rêver aux rêves des autres.
À partir des songes qui me sont racontés, j’essaie d’influencer mon inconscient. Mon espace de sommeil se vêtit d’imaginaires. Hypothèse : dormir à côté d’un objet onirique influence les rêves.
Méthode : Dans mon petit appartement, je m’installe entourée de crayons de couleur. Sur mon cellulaire, un enregistrement vocal. Un·e ami·e me raconte son rêve. Mes dents sont brossées, j’ai pris ma douche et suis en pyjama. Prête à dormir. Comme dernière action de la journée, j’écoute l’enregistrement vocal en boucle, pendant une heure ou deux. Parfois trois. Sur un morceau de papier, je dessine quelques bribes du récit. Les fragments les plus marquants. Je tente de provoquer des images mentales. Quand les bâillements se font trop incessants, je pose le dessin sur ma table de nuit. Je dors. Je rêve. Le lendemain, je dessine le songe dûment façonné.
Expérience 2. Provoquer des rêves.
Un journal de rêve participatif pour créer des rencontres, des boîtes qui abritent des songes. Disséminer des univers oniriques dans l’espace de sommeil des participant·e·s.
Méthode : Les personnes participantes sont invitées à rapporter le journal ou la boîte chez elles. Lire ou écouter le récit avant d’aller dormir. Poser l’objet sur leur table de nuit. Au matin, apposer leur rêve dans le journal. Pour que les imaginaires se contaminent.
Expérience 3. Résidence de songe
Dans un espace partagé, un groupe de personnes tente de rêver ensemble. Le fait de se raconter nos rêves, peut-il influencer ceux que nous faisons par la suite ?
Méthode : Sur une période de quelques jours, un groupe de personnes partagent les mêmes expériences au quotidien. Le soir, avant d’aller dormir, discuter des songes survenus dans les derniers jours. Au réveil, partager ses aventures nocturnes.
Expérience 4. Habiller la résidence de songe.
Cette fois, l’espace de sommeil commun est habillé de songes. Objets oniriques, sculptures, récits, dessins enveloppent la pièce. Entouré·e·s de rêves, notre imaginaire devient commun.
Méthode : Partager des événements et ses rêves au quotidien. Les dessiner. Les sculpter. Habiller l’espace de sommeil commun. Ensemble, façonner notre cocon onirique.
Dès lors, la création d’espaces propices à l’émergence des songes me permettra de développer une exposition intersubjective sur l’expérience sociale du rêve. Elle sera le lieu de rencontres entre nos inconscients vastes et énigmatiques. L’objectif étant d’explorer et de traduire un onirisme collectif par la réalisation de sculptures, de dessins et d’audios.
Dans un espace qui convoque l’intime, je désire recréer les conditions de mon étude. J’aime les installations éparses où objets, récits, dessins et sculptures se mélangent, se contaminent. En somme, j’inviterai les spectateurs et spectatrices à se laisser imprégner des songes d’autrui. Je veux qu’on habite l’espace et que l’espace nous habite. J’envisage l’exposition tel un nouveau cycle de récolte et de contamination d’imaginaires. Je m’efforce éperdument à ce qu’on se rencontre aussi quand on dort.
Site web: www.juliepastore.com
Provoquer des rêves (expérimentations), 2024, Céramique, crayons de couleur sur papier, bois et métal, gouache, livre d’artiste, panneaux isolants. Dimensions variables. Crédit photographique : Denis McCready. Dans le cadre de l’exposition Parenthèse au CDEx, Montréal.
Prototype de boîte pour le partage d’objets oniriques, 2024, 11,5 cm x 12 cm x 18,3 cm, bois, tissus, journal de partage de rêve, céramique, fils.